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ACTES DU DESERT



ACTES DU DESERT

Logosables & Autres empreintes

 

Projet 2006

PARIS - TOMBOUCTOU

 

 

 

 

Protagonistes

 

Jean-Pierre HAMON (peintre-graphiste)

Mohamed Ag Ahmed KANTE (photographe)

Mahamar Ibrahim TOURE (peintre-calligraphe)

Gaëtan VIARIS DE LESEGNO (photographe)

 &

Abdramane DIABATE dit « Tosh » (danseur-chorégraphe)

 







O dépense du point, infinie défense du livre.

Un grain de sable, à lui seul, tient tête aux déserts.

/…/

Le désert est distance que soutient le sable

C’est là, qu’avec le grain, gît le point.


Edmond Jabès, El, ou Le Dernier Livre (NRF – Gallimard, 1973)  








Le parti-pris de quelques acteurs du geste et de la poésie de se rendre dans une région désertique du globe pour y inscrire un ensemble ritualisé de signes appuyé par des paroles en suspens apparaît au premier abord une entreprise dénuée de sens. Certains observateurs de ce projet pourront même y déceler la facilité d’une performance (ou contre-performance selon la mise en perspective culturelle) en quête de médiatisation.


Loin de nous ces cycles de découvertes entrepris par les pionniers. Et pourtant, si près de nous de par une mémoire entretenue parfois jusques au mythe où se retrouvent mêlés tant de noms, tant de lieux étranges.


Un parmi d’autres, TOMBOUCTOU « La Mystérieuse » (*), du tamasheq « Tim Buctou », aura suffi à provoquer notre imagination bien au-delà du miroir déformant d’un nouveau rapport à une forme d’exotisme (**) vite tombée en désuétude.

  

Et c’est précisément là que nous avons décidé de jeter notre dévolu en un point de convergence entre le zéro et l’infini où cosmos et sacré, présence minérale à ciel ouvert et croyances fétichistes nouent et dénouent encore des rapports très intimes.


Dans cette aventure que nous nous proposons de mener jusqu’à son terme, nos quatre solitudes (tout comme quatre points cardinaux) vont se prêter main forte et feront acte d’engagement politique.


Est-ce bien dans un océan de sable que nous écrivons pour voir aujourd’hui ?








(*) TOMBOUCTOU. Fondée au XIIème en plein désert par les Touaregs. Devenue capitale de la sixième région administrative du MALI, elle a historiquement tiré son bénéfice économique et culturel prestigieux de par sa situation géographique remarquable aux confins des rives du Niger, des dunes de sable du Sahara et de la zone fertile soudanaise.


(**) EXOTISME. Nous donnons ci-après la liste exhaustive des outils de base (d’un « exote » moyen) que nous emporterons avec nous : boussole, petite paire de jumelles, cordeau, sablier.




AU

BORD

DE L’INEXPRIMABLE



[une autre éthique du secret]




A l’heure où nous mettons sous presse (selon la formule consacrée), nous ne sommes pas en mesure de décliner avec exactitude le point géographique local de notre action. Il se situera toutefois ou sur la route d’Araouane et de Taoudenit, ou aux abords de Ti-n-Aguelhaj.


Une mise en condition de l’action (dans sa préfiguration) sera souhaitée pour notre équipée compte tenu des conditions climatiques qui s’offriront au moment des faits. Nous envisagerons donc de séjourner la veille, voire l’avant-veille, dans la région désertique choisie. De même, le voyage vers TOMBOUCTOU sera très vraisemblablement effectué à partir de BAMAKO, avec une station à MOPTI, par le biais du transport fluvial sur le fleuve NIGER.


L’action consistera pour les deux peintres à établir dans un jeu de questions/réponses un vaste réseau de communication par un ensemble de signes libres, codés ou non, d’idéogrammes, d’écritures verticales ou horizontales, circulaires ou en boustrophédon faisant référence parfois à des alphabets connus et pratiqués (bambara, songhaï [une cinquantaine de hiérogrammes], tifinagh [en variante « adghagh » pour le MALI], etc.), tantôt directement dessinés sur le sable à l’aide des doigts de la main, tantôt provoqués selon la méthode du « dripping-sand », ou sur d’autres supports déroulés tels que le tissu ou le papier – ces deux supports pouvant être au final foulés aux pieds.


L’action se déroulera de manière continue, malgré quelques rares pauses non définies, sur une assez courte unité de temps (du lever du jour jusqu’au coucher du soleil) et selon un schéma d’organisation de plages normalement prévues et circonscrites soit à l’intérieur d’un immense cercle (dont le diamètre atteindra au minimum entre vingt et vingt-cinq mètres), soit à la périphérie de ce dernier.


L’action sera dans le même temps saisie sur le vif par les deux photographes selon leur tempérament, leur sens de l’improvisation et de la concertation, avec la diversité des techniques de captation propres aux types d’appareils qu’ils auront sous la main (appareillage argentique et/ou numérique avec une option possible, mais réduite, en vidéo) et sans que ces derniers puissent à un moment ou à un autre intervenir de manière directe sur le déroulement autonome et parallèle des deux peintres. Ils pourront cependant cheminer à l’intérieur du cercle pour certaines prises de vue nécessitant des plans plus rapprochés ou de très gros plans. Ils pourront de même alimenter l’anedocte de cette situation par des prises de vue hors-champ puisque, par définition, tout désert est habité ou traversé…




Les traces abandonnées de notre action seront vouées à la disparition par une érosion progressive, très vraisemblablement activée par le vent, le travail des végétaux ou le passage d’animaux.


Le retour à MOPTI, et enfin à BAMAKO, nous donnera l’occasion de mettre en commun nos quatre expériences « poétiques » en les consignant de manière plutôt spontanée soit par l’enregistrement sonore de propos et anecdotes, considérations diverses sur les traces et leur effacement, la mémoire, l’espace-temps du désert, etc., soit sur le papier sur la base du principe plus que banalisé des stimuli et des déjections écrites [panoplie de cadavres exquis et d’écritures automatiques] ou de celui plus poussé encore de l’analyse thématique ou historique en même temps que nous aurons le plaisir d’inventorier toutes les planches photographiques ayant constitué la seule et unique preuve de notre création dans le désert.


A partir de cet ensemble de pièces, il sera envisagé une édition quadrilingue (arabe, bambara, français et songhaï) du livre des « ACTES DU DESERT ».


(Nous aurons fait ainsi le tour du monde autour du vide.)  










L’un traverse obliquement le cercle.

Le vide est visible à travers l’un.

L’un est visibilité du cercle.


Dans un océan qui ne cesserait de s’étendre,

O survie du grain de sel.


Edmond Jabès, El, ou Le Dernier Livre (NRF – Gallimard, 1973)




NOTES


UNE AUTRE ETHIQUE DU SECRET - « /…/ La civilisation africaine dans son ensemble est beaucoup plus initiée à l’écriture que ne l’ont laissé croire les premiers observateurs. Le terme « initiée » est choisi à dessein car c’est justement le caractère initiatique de ces systèmes graphiques qui les a laissés inaperçus. L’esprit même qui a présidé à l’aventure de ces écritures a souvent constitué une entrave à leur diffusion plus qu’une motivation. A ce titre, on parle d’une véritable « éthique du secret » qui marque les conditions de création des systèmes graphiques africains. » Estelle GIRARD, Ecritures africaines in L’Aventure des Ecritures [Naissances] – Bibliothèque Nationale de France, 1997.


DRIPPING-SAND - Technique consistant, dans un mouvement continu imprimé par le corps entier, à lâcher du sable avec la main sur un sol recouvert de sable afin d’y tracer un ensemble de signes. Cette technique nécessite normalement l’usage d’un sable d’une couleur (ou texture) différente de celle du sol. Elle fait historiquement référence au fameux « dripping » mis au point par Jackson POLLOCK avec de la peinture liquide [ACTION PAINTING].    










(*) TOMBOUCTOU. Fondée au XIIème en plein désert par les Touaregs. Devenue capitale de la sixième région administrative du MALI, elle a historiquement tiré son bénéfice économique et culturel prestigieux de par sa situation géographique remarquable aux confins des rives du Niger, des dunes de sable du Sahara et de la zone fertile soudanaise.


(**) EXOTISME. Nous donnons ci-après la liste exhaustive des outils de base (d’un « exote » moyen) que nous emporterons avec nous : boussole, petite paire de jumelles, cordeau, sablier.



















Les Actes du désert / ©Jean-Pierre Hamon 2012 - Réalisation graphique : C.Galatry 2012

PREMIÈRE PARTIE : L’ACTION des PEINTRES

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PHOTOGRAPHIE                               

VIDEO                             

INSTALLATION                               

TEXTE                             

L’AUTEUR